Page:Cherbuliez - Amours fragiles, 1906.djvu/315

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à moi pour mesurer les arbres ; c’est une petite expérience que je veux faire.

M. Drommel craignait d’avoir blessé son cher prince en se permettant deux fois de n’être pas de son avis, en refusant à deux reprises d’obtempérer à ses désirs. Il voulut se faire pardonner d’avoir pris cette liberté grande ; il se prêta, le sourire aux lèvres, à une petite expérience dont le sens lui échappait.

Avec une agilité étourdissante, le prince avait détaché de son cou une longue écharpe de soie rouge qu’il portait sous son manteau et dont les bouts traînaient jusqu’à terre. De l’un des bouts il lia solidement le poignet gauche de M. Drommel, qui le regardait avec des yeux étonnés. Puis il enroula l’écharpe autour du tronc.

Je crains qu’elle ne soit trop courte, dit-il, et la petite expérience elle serait manquée. Avancez bien le bras droit. L’écharpe elle n’aura pas de jeu ; mais ce n’est pas un malheur. »

La minute d’après, le second poignet de M. Drommel était lié aussi solidement que l’autre.

« Qu’est-ce que cela prouve, mon cher prince ? fit-il. Décidément, je ne comprends rien à votre petite méthode. »

Il n’en put dire davantage ; profitant de ce qu’il