Page:Cherbuliez - Amours fragiles, 1906.djvu/51

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vous ne reconnaissez pas dans cette statuette la déesse Sekhet, la Bubastis des auteurs grecs, qu’on avait surnommée la grande amante de Ptah, divinité tour à tour bienfaisante et vengeresse, qui, selon toute apparence, représentait la radiation solaire dans sa double fonction ?

— Mille excuses, je crois me la remettre. Et cette rose qu’elle semble flairer d’un air malveillant… Ah ! cette rose, je n’ai plus besoin de demander d’où elle vient.

— Eh ! oui ! elle m’a été donnée par cette femme dont il est impossible de se rappeler le nom.

— Mais permets, je le sais très bien, ce nom… Mme Corneuil… N’est-ce pas Corneuil ? Eh bien ! mon doux ami, ne te semble-t-il pas que la déesse Sekhet ou Bubastis, qui représente la radiation solaire, attache des yeux courroucés, flamboyants d’indignation sur la rose pourpre, et qu’elle maudit la rivale que tu as eu l’insolence de lui préférer ? Prends-y garde, les roses se fanent ; les roses et celles qui les donnent ne vivent qu’un jour ; les déesses sont immortelles et leurs rancunes aussi.

— Rassurez-vous, mon oncle, répliqua Horace en souriant. La déesse Sekhet regarde cette fleur d’un œil fort doux. Si vous l’interrogiez, elle vous dirait : Les cinquante héritières que vous avez proposées