Page:Cherbuliez - Amours fragiles, 1906.djvu/75

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de l’univers. La figure du comte de Penneville exprimait une foi profonde dans le triomphe définitif d’Horus, dieu bienfaisant.

La glace était tout à fait rompue lorsque Mme Corneuil fit son apparition. Comme on peut croire, elle avait soigné pour la circonstance sa toilette et sa coiffure ; son demi-deuil était des plus coquets. Il faut en prendre son parti, il y a des reines qui ressemblent beaucoup à des bourgeoises, il y a des bourgeoises qui ressemblent à des reines, moins la couronne et le roi. Ce jour-là, Mme Corneuil était non seulement reine, mais déesse des pieds à la tête ; on eût dit Junon sortant de son nuage. Elle ne manqua pas son entrée. En la voyant venir, le marquis ne put réprimer un tressaillement, et, quand il s’approcha d’elle pour la saluer tête basse, il perdit contenance, ce qui ne lui arrivait guère, il demeura confus, commença plusieurs phrases sans pouvoir les achever, et l’on assure que c’était la première fois de sa vie qu’il avait essuyé pareille mésaventure. Son trouble était si visible que le bon Horace, qui ne remarquait rien, ne laissa pas de le remarquer.

M. de Miraval fit un effort sur lui-même, il ne tarda pas à recouvrer son assurance et toute l’aisance de ses manières. Après quelques propos