Page:Cherbuliez - Amours fragiles, 1906.djvu/83

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retraite, dans le repos. L’ennui me fera sortir de ma tanière. Je vais me replonger dans la politique active. On me presse de me laisser porter à la députation dans l’arrondissement où est mon château, on me propose aussi le sénat. Je vais me livrer de nouveau au monstre. Passe encore si j’étais marié à une femme de sens, très intelligente des choses de la vie, quoiqu’un peu exaltée. On ne réussit dans la politique que par les femmes, et à mon âge on ne peut plus se flatter de réussir par les femmes des autres. Que n’en ai-je une à moi ! Comme dit le poète : « Ai-je passé le temps d’aimer ?… Ah ! si mon cœur… » Je ne me rappelle pas la suite, mais qu’importe ! Heureux Horace ! trois fois heureux ! Vivre en Égypte avec une femme aimée ou se trémousser à Paris, sans femme aimée, au milieu des tripotages de la politique, quelle différence ! »

Mme Véretz trouvait en effet que la différence était grande, mais toute au profit du trémoussement et du tripot. Elle ne put s’empêcher de se dire : « Si mon futur gendre avait l’humeur et les goûts de son grand-oncle, ce serait parfait, et nous n’aurions plus rien à désirer. » De ce moment, le marquis de Miraval lui parut un homme intéressant. Elle essaya de le réconcilier avec son sort,