Page:Cherbuliez - Amours fragiles, 1906.djvu/85

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qui trouvait la Grèce affreuse, parce qu’elle manque d’arbres. Il y a des gens comme cela qui ont la manie des arbres. Vous rappelez-vous notre première excursion à Gizeh, cette grande plaine nue, ces collines onduleuses, ce sable couleur jaune d’ocre ? « On en mangerait ! » disiez-vous. Nous rencontrâmes une longue file de chameaux, je les vois encore. A l’horizon pointaient les pyramides, qui nous semblaient toutes blanches et qui dégageaient des étincelles. Comme elles s’enlevaient sur le ciel ! Elles étaient vibrantes. L’air ne vibre jamais par ici. Oh, le bon déjeuner que nous fîmes dans cette chapelle, assis sur des burnous ! Vous étiez coiffée d’un tarbouch, qui vous allait comme un charme. Quand donc vous reverrai-je en tarbouch ? Ah ! par exemple, la dinde était un peu maigre, et puis je commis ce jour-là une fière maladresse. Je laissai choir la gargoulette qui contenait notre eau du Nil. Nous en fûmes quittes pour rire et pour boire notre vin pur. Après quoi, nous descendîmes dans un caveau, et là, pour la première fois, je vous traduisis des hiéroglyphes. Je n’oublierai jamais quel fut votre ravissement quand je vous appris qu’un luth signifiait le bonheur, attendu que le signe du bonheur est l’harmonie de l’âme. Dans l’écriture