Page:Cherbuliez - Amours fragiles, 1906.djvu/91

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lui dit-il ; je retrouve à l’instant la fin du vers que je cherchais et que voici :

Ah ! si mon cœur osait encor se renflammer !

Il prit aussitôt congé d’elle, la salua profondément ; puis, s’avançant vers Mme Corneuil, il la regarda dans les yeux et lui dit avec une sorte d’âpreté dans la voix :

« Madame, je suis venu, j’ai vu et j’ai été vaincu. »

Et là-dessus il s’éloigna comme un homme qui se sauve, en défendant à son neveu de le reconduire. On croira sans peine qu’après son départ il fut beaucoup parlé de lui. Tout le monde s’accorda à dire que sa conduite était étrange ; mais Mme Véretz déclara qu’il lui paraissait plus charmant encore que singulier. Mme Corneuil le trouvait plus singulier que charmant. Quant à Horace, il expliqua ce qu’il y avait eu d’un peu bizarre dans son attitude par des inégalités de santé ou par un caprice d’humeur, que son âge rendait excusable. Il avoua du reste qu’il ne l’avait jamais vu ainsi, qu’il l’avait toujours connu bon vivant, alerte, sûr de sa mémoire, dégourdi et se faisant tout à tous.