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PONT DE ROCHEREUIL.

que le mobile qui inspire le sacrifice d’une vie tout entière vouée au soulagement des souffrances, de l’humanité, au soin des infirmités les plus rebutantes est un mobile saint, qui a droit au profond respect de-ceux-là même qui ne peuvent le comprendre.

Pont de Rochereuil. — En quittant le carrefour Montierneuf et en suivant la rue de Rochereuil, nous aboutirons au pont qui porte le même nom ; et si nous voulons connaître les premiers bains publics construits à Poitiers, nous les trouverons à quelque distance sur la droite. Ils sont dus à l’initiative de l’entrepreneur Galland, dont nous aurons occasion de parler bientôt.

Le pont de Rochereuil existait déjà avant le XVe siècle, car à cette époque (1486) Yves Charlet, maire de Poitiers, fit reconstruire une de ses arches qui était en mauvais état. Les eaux du Clain ayant emporté une partie de ce pont en 1561, lors de l’inondation qui lit tant de ravages à Poitiers, et étant revenues à la charge en 1582, l’extrémité du pont fut emportée.

L’inondation de 1604 acheva l’œuvre des années précédentes, de telle sorte que Jean Goguet, sieur de la Roche-Graton, trésorier de France et maire de Poitiers fut obligé d’y faire de très-grandes réparations.

Ce pont a joué un rôle fort important dans le siège de 1569 par l’amiral de Coligny, et voici comment :

Les assiégeants ayant fait de fortes brèches vis-à-vis du Pré-l’Abbesse, côté faible de la ville, la menaçaient d’autant plus sérieusement qu’ils étaient parvenus à mettre à sec le lit secondaire du Clain derrière les murailles. Ce que voyant, de hardis inventeurs d’expédients imaginèrent de profiter d’anciennes écluses et pales, qui existaient sous les arches du pont de Rochereuil, pour fermer hermétiquement le passage à l’eau et la faire refluer en amont, au risque de voir emporter le pont lui-même.

Mais, comme dit l’historien auquel nous empruntons ces détails, on agit « nonobstant toutes ces remontrances, suivant la raison qui dict que, pour la « doubte et