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HISTORIQUE.

jeunesse qui font la décoration et l’honneur de nos cités modernes ; ou bien, si elle en compte quelques-uns, ils sont, en général, de nature, hélas ! à produire un effet tout contraire. Mais si tout cela ne constitue pas précisément ce que M. de Custine appelle fort peu galamment, quelque part, un monceau de vieux plâtras, cela, du moins, ne peut point, en conscience, être appelé beau.

Cependant, après avoir fait la part à la critique, soyons juste. Poitiers a conservé, malgré les révolutions et leurs conséquences modificatives, une partie de ce cachet remarquable que le moyen âge imprimait à ses cités les plus importantes, et qui n’était après tout que le reflet d’autres mœurs et une satisfaction donnée à d’autres besoins.

Mais c’est précisément cette physionomie toute spéciale à laquelle chaque jour enlève une ride, un trait, c’est précisément ce facies original, qui doivent solliciter le voyageur, et surtout le voyageur intelligent, à donner quelques heures d’examen réfléchi à l’antique capitale du Poitou.

Les seuls monuments qu’elle puisse montrer avec quelque orgueil sont, il est vrai, noircis par le temps ; mais, presque tous aussi, ils sont remarquables à des titres divers.

Chaque période un peu importante de l’histoire de l’art depuis le VIe siècle s’y trouve représentée par des échantillons à un état plus ou moins parfait de conservation, mais qui peuvent servir d’objet d’étude approfondie pour l’artiste et pour le savant ; les souvenirs historiques réveillés par ces pierres se rattachent, du reste, presque tous aux phases les plus essentielles de notre histoire.

C’est, en effet, près de nos murs que se sont livrés les grands combats auxquels la France doit sa religion, sa nationalité, ses franchises ; c’est dans son enceinte même que fut proclamé le salut de la monarchie, menacée de devenir anglaise, et sauvée alors par les vigoureuses croyances de nos pères ; c’est là que vé-