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NOTRE-DAME-LA-GRANDE.

par l’humidité : on n’y distingue plus clairement que la tête du Christ, la main qui tient le livre ouvert et une portion du manteau.

« Cette grande fresque peinte à deux reprises différentes, ou plutôt modifiée par une seconde application de peinture faite immédiatement sur la première, à une époque postérieure d’un demi-siècle au moins, paraît dater d’une nouvelle dédicace de l’église sous le vocable de Notre-Dame. Dans le premier dessin, c’était le Christ, et non la Vierge, qui occupait le fond de la coupole, car on en voit encore la figure reparaître un peu au-dessous de celle de sa Mère ; sa robe n’a pas été changée, et le second peintre s’est contenté de jeter de longs voiles grisâtres par-dessus, pour opérer la transformation.

« Les chefs des apôtres, qui, dans le tableau primitif, occupaient la tête des rangs au fond de la coupole, ont obligé à un remaniement général de figures, pour les placer du côté de la tête du second Christ peint sur la voûte ; leur position est nettement indiquée à cette nouvelle place par le marchepied d’honneur placé sous leurs pieds. Les traits doubles de quelques contours de figures, les inscriptions tracées à plusieurs reprises confirment de la manière la plus nette le remaniement signalé.

« Le fond de toutes ces fresques, partagé en zones diversement nuées, comme on en trouve des exemples dans le manuscrit de la Vie de sainte Radégonde de la Bibliothèque de Poitiers, les disques au centre desquels les apôtres sont placés comme sous le narthex de Saint-Savin, et ce singulier remaniement dans les figures, indiquent deux intentions différentes dans cette décoration. Tels sont les caractères saillants qu’on peut y remarquer.

« L’épigraphie, bien maltraitée, permet cependant de conclure des formes des trois lettres O M E appliquées postérieurement à la dernière modification de ces peintures, qu’elles datent de la première moitié du XIIIe siècle ; car ces formes, qui n’appartiennent plus à l’onciale