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HISTORIQUE.

de la princesse par son royal époux (1152), investit bientôt le roi d’Angleterre, Henri II, d’un pouvoir fatal à la France, pouvoir qui pèse rigoureusement sur les Aquitains, impatients du joug, et toujours forcés de le subir, malgré les soulèvements incessants et infructueux que provoque un patriotisme vivace.

Après avoir vu son fils, Richard Cœur-de-Lion, et son petit-fils, Othon d’Allemagne, posséder tour à tour le Duché d’Aquitaine, la Comtesse-reine s’en ressaisit à la mort de Richard (1199), en fait hommage au roi de France Philippe-Auguste, s’associe son autre fils Jean d’Angleterre, dit Jean-Sans-Terre, et gouverne à peu près seule ses vastes États.

Elle avait, sous le règne de son mari, Henri II, construit dans sa capitale des monuments dignes d’elle, et protégé la ville par une enceinte nouvelle qu’exigeaient ses développements ; mais, lorsqu’elle devient seule maîtresse des destinées du pays, elle sent le besoin de se gagner les cœurs, qu’elle s’était aliénés par des actes d’oppression tyrannique : elle continue les privilèges accordés aux Poitevins par ses prédécesseurs, celui, par exemple — et il est assez significatif pour mériter d’être cité — celui de marier leurs filles comme ils le jugeraient à propos, et crée une Commune à Poitiers (1199).

La Comtesse-reine meurt ; le Poitou est confisqué sur Jean-Sans-Terre, pour crime de félonie et de parricide, par la cour des Pairs de France. L’impétueux Philippe-Auguste exécute, les armes à la main, cet arrêt vengeur du meurtre odieux de l’innocent Arthur de Bretagne, et saint Louis donne plus tard le Comté de Poitou à son frère Alphonse.

Après la mort de ce prince, Philippe le Hardi, roi de France, son neveu, réclame le Poitou, et l’obtient par droit de réversion. Philippe le Bel, Philippe le Long, le possèdent tour à tour. Le premier de ces princes, d’accord avec le pape Clément V, décrète la suppression de l’Ordre religieux et militaire des Templiers, et c’est à Poitiers même que se discute, dans des pourparlers