Page:Chergé - Guide du voyageur à Poitiers et aux environs, 1872.djvu/361

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
351
LA PIERRE LEVÉE.


Tout cela ne vous satisfait pas, peut-être ; écoutez donc Rabelais :



Pantagruel, « voyant que les escholiers étaient aucunes fois de loisir et ne sçavoient à quoy passer temps, en eut compassion. En ung jour print d’un grand rochier qu’on nomme Passe-Lourdin une grosse roche, ayant environ douze toises en quarré et d’épaisseur quatorze pans, et mit sus quatre pilliers au milieu d’un champ bien à son aise, afin que lesdicts escholiers, quand ils ne sçauroient autre chose faire, passassent temps à monter sus ladicte pierre, et là bancqueter à force flacons, jambons et pastés, et escripre leurs noms dessus avec ung cousteau, et de présent, l’appelle-on la pierre levée. Et en mémoire de ce, n’est aujourd’hui passé aulcun en la matricule de ladicte Université de Poitiers, sinon qu’il ait beu en la fontaine caballine de Croustelles, passé à Passe-Lourdin et monté sur la pierre levée. »

Ce monument, autour duquel se tint, dès l’origine, la foire de la Saint-Luc, est encore quelquefois l’objet d’une vénération qui prend assurément sa source dans des souvenirs religieux que l’on peut rattacher successivement aux druides des temps antiques et aux fées du moyen âge.

Cette vénération ne pouvait cependant le sauver des