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ABBAYE DE SAINT-CYPRIEN.

furent renouvelées en 1150 par Gislebert II, et, en 1157, par Chalon ; puis, dans le même temps, pour les diocèses de Saintes, Agen et Bordeaux, par Geoffroy, archevêque de Bordeaux.

Les droits et propriétés de l’abbaye autour de son enclos étaient aussi fort considérables ; mais elle eut à lutter souvent avec l’abbaye de la Trinité sur des points contentieux. Ces possessions nombreuses expliquent comment, au XVe siècle, elle comptait entre deux et trois cents Religieux. En 1510, ce nombre était réduit par les guerres à vingt-cinq. Les Anglais, qui l’avaient déjà détruite une première fois, en 1331 (elle avait été promptement rebâtie, puis rasée en 1418), étaient passés par là ; mais quand vinrent les protestants — qui étaient Français pourtant — ce fut bien pis encore. Tout fut pillé et brûlé, de telle sorte que le couvreur seul demandait 11 480 livres pour les tuiles à fournir.

Nicolas Bouvery, abbé commendataire, entreprit de réparer ces désastres ; mais, au moment où les constructions nouvelles s’élevaient, l’autorité municipale les fit démolir par mesure de sûreté, pour empêcher les ennemis de s’en emparer (1574).

Retirés dans l’intérieur de la ville, où ils firent le service divin dans l’église de Notre-Dame-l’Ancienne, les Religieux ne retournèrent à l’abbaye que sous le gouvernement de M. de la Roche-Pozay, qui y introduisit la réforme de saint Maur, et ils s’y maintinrent malgré les protestations du corps de ville (1664).

Une simple chapelle suffit d’abord aux besoins du culte ; mais bientôt de plus somptueuses constructions s’élevèrent à grands frais.

La chapelle, monument d’ordre dorique, ayant 46 mètres de long, était, dit-on, le plus beau monument moderne du Poitou.

Les dignitaires de cette abbaye étaient à peu près les mêmes qu’à Montierneuf ; mais cependant le principal officier après l’abbé était l’aumônier, qui était chargé de faire, aux dépens du couvent, d’abondantes aumônes.