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SAINT-PORCHAIRE.

qu’il représente. Cependant on pourrait y voir encore Daniel, les lions, l’oiseau qui plane au-dessus du prophète, le roi, reconnaissable à ses riches vêtements, qui vient le 7e jour pleurer sur le prophète (vers. 39), dont on aperçoit dans un groupe les coupables accusateurs.

En dehors de ce sujet tiré de l’Ancien Testament, on voit sur un des chapitaux du portail les deux oiseaux symboliques buvant dans le même calice, emblème si souvent reproduit par les sculpteurs du moyen âge.

Pour être juste et pour fournir au visiteur le plaisir d’une interprétation moins facile, nous devons faire remarquer que la représentation des lions sculptés sur le portail de Saint-Porchaire pourrait bien exprimer la pensée de la juridiction qui appartenait à certaines églises, et dont les actes extérieurs se formulaient inter leones.

Voici comment s’expliquerait ce système :

Il existe dans certaines églises d’Italie, à la porte principale, des colonnes de forte dimension reposant sur des lions. La disposition de ces colonnes rappelle, selon des antiquaires fort compétents, le trône de Salomon, et indique le siège sur lequel s’exerçait jadis le pouvoir de la juridiction pontificale inter leones.

Dans les églises plus petites, dont les dimensions ne se prêtaient pas à de grandes décorations, la même idée a pu se reproduire, sur une échelle réduite, dans les petits lions qui, au lieu de supporter la colonne, étaient supportés par elle ou bien ont été sculptés sur les chapiteaux eux-mêmes. Et comme ces figures pouvaient être peu apparentes, ou même peu exactes, il est arrivé quelquefois que l’on a inscrit au-dessous le nom de l’animal qu’elles représentaient ou qu’elles étaient censées représenter, afin que nul n’ignorât que c’était là que s’exerçait la juridiction ecclésiastique.

Nous verrons, du reste, la représentation irrécusable de ces emblèmes en avant de la façade de l’église de Sainte-Radégonde, et elle existait, comme nous le dirons, en l’église cathédrale de Saint-Pierre.