Page:Chesterton - La Clairvoyance du père Brown.djvu/106

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ne tint aucun compte de la prière de la jeune fille, mais bondit, comme une sauterelle, à côté d’elle, au risque de se casser les jambes.

— Je crois que j’étais destiné à être cambrioleur, dit-il flegmatiquement, et je ne doute pas que je le fusse devenu, si le destin ne m’avait fait naître dans cette jolie maison, ici à côté. Je n’y vois rien de mal, en tout cas.

— Comment pouvez-vous dire une chose pareille ? protesta la jeune fille.

— Pourquoi pas ? dit le jeune homme. Si vous êtes née du mauvais côté d’un mur, je ne vois pas le mal qu’il y a à l’escalader.

— Je ne sais jamais ce que vous allez dire ou faire, dit-elle.

— Je n’en sais souvent rien moi-même, répliqua M. Crook. En tout cas je suis du bon côté du mur à présent.

— Et quel est le bon côté du mur ? demanda la jeune fille en souriant.

— Celui où vous vous trouvez, dit le jeune homme.

Comme ils se dirigeaient par l’allée de lauriers vers le devant de la maison, on entendit la trompe d’une auto sonner trois fois, de plus en plus près, et un coupé vert pâle, très élégant, glissa comme un oiseau jusqu’à la porte d’entrée, et s’arrêta frémissant.

— Oh là ! dit le jeune homme à la cravate rouge, voilà quelqu’un qui semble en tout cas né du bon côté. Je ne savais pas, mademoiselle Adams, que votre Père-Noël fût aussi moderne que cela.

— Oh ! c’est mon parrain, Sir Léopold Fisher.