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VI

L’HONNEUR D’ISRAËL GOW

Par un soir orageux, vert olive et blanc d’argent, le Père Brown, enveloppé dans un plaid gris, arriva à l’extrémité grise d’une vallée d’Écosse, et contempla l’étrange château de Glengyle. Il bloquait l’étroit vallon, lui donnant l’aspect d’une impasse, et semblait placé au bout du monde. Avec ses toits abrupts et ses tours d’ardoise verte, ce château franco-écossais évoquait, dans l’esprit de l’Anglais, l’image sinistre des chapeaux en forme de clochers dont sont coiffées les sorcières, dans les contes de fées. Les bois de sapins, balancés par le vent, semblaient, à côté des tourelles vertes, d’innombrables nuées de corbeaux. Cette impression de rêve et de morne satanisme n’était pas seulement une illusion produite par le paysage. L’endroit était voilé d’un de ces nuages d’orgueil, de folie et de mystérieuse nostalgie qui pèse plus lourdement sur les grandes maisons écos-