Page:Chesterton - La Clairvoyance du père Brown.djvu/220

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Flambeau, dont cette nouvelle aventure excitait la curiosité, accepta avec empressement, et suivit le vieux domestique qui l’introduisit cérémonieusement dans la chambre lambrissée de bois clair. Cette salle ne présentait rien de particulier, si ce n’est une succession de fenêtres larges et basses, alternant avec une série de glaces également larges et basses, qui donnaient à l’ensemble un caractère aérien et immatériel. On avait l’impression de déjeuner en plein air. Un ou deux cadres, d’un caractère familier, ornaient les coins de la chambre. L’un était une grande photographie d’un tout jeune homme en uniforme ; l’autre un croquis à la sanguine de deux garçons à longs cheveux. Comme Flambeau lui demandait si l’officier était le prince, le domestique répondit brièvement que non ; c’était, dit-il, le frère cadet du prince, le capitaine Étienne Saradine. Puis il se tut brusquement et ne sembla plus désireux de continuer la conversation.

Après qu’on leur eut servi un café exquis et des liqueurs, les deux hôtes visitèrent le jardin, la bibliothèque, et la gouvernante, une matrone au teint sombre, avenante et majestueuse, comme une madone plutonique. Ils apprirent qu’elle était, avec le vieux domestique, la dernière survivante de l’ancien ménage du prince ; tous les autres serviteurs, actuellement dans la maison, avaient été recrutés dans les environs par la gouvernante. Cette dame répondait au nom de Mme Anthony, mais elle avait un léger accent italien, et Flambeau en conclut qu’An-