Page:Chesterton - La Clairvoyance du père Brown.djvu/259

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cordonnier athée, en célébrant par une danse extatique son admiration pour la loi anglaise.

Car nul n’est plus respectueux de la loi que le parfait anticlérical.

Le forgeron tourna vers lui son visage auguste de fanatique.

— C’est bon pour vous, infidèles, de ruser comme des renards, parce que la loi de ce monde vous favorise, dit-il, mais Dieu garde les siens dans sa poche, comme vous allez le voir.

Puis il désigna du doigt le corps du colonel, et dit :

— Quand ce chien est-il mort dans le péché ?

— Modérez votre langage, dit le docteur.

— Modérez le langage de la Bible, et je modérerai le mien. Quand est-il mort ?

— Je l’ai vu en vie à six heures, ce matin, balbutia Wilfred Bohun.

— Dieu est bon, dit le forgeron. Monsieur l’inspecteur, je ne demande pas mieux que vous m’arrêtiez. C’est vous, je crois, qui préféreriez ne pas le faire. Je ne demande pas mieux que de quitter le tribunal, lavé de tout soupçon ; mais vous préféreriez, sans doute, ne pas le quitter avec une pénible erreur à votre actif.

Pour la première fois, le placide inspecteur regarda le forgeron avec intérêt ; les autres en firent autant, sauf le petit prêtre qui continuait à examiner le marteau qui avait frappé ce coup terrible.

— Il y a deux hommes, là, dehors, continua le forgeron, avec une lucidité solennelle, des négociants de Greenford que vous connaissez tous,