Page:Chesterton - La Clairvoyance du père Brown.djvu/295

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voir jeter ainsi le masque ; c’était presque comme s’il avait jeté son visage.

— Voyez-moi ça ! cria-t-il avec un vulgaire accent américain, lorsqu’il eut épuisé le répertoire de ses jurons. Je suis peut-être un aventurier, mais vous êtes une criminelle. Oui, messieurs, voilà l’affaire expliquée, et sans lévitation. La pauvre fille écrivait ce testament en ma faveur ; sa maudite sœur entre ici, lui arrache la plume des mains, la pousse vers le puits et la jette dedans avant qu’elle ait pu l’achever. Oh ! là là ! Il nous faudra, après tout, employer les menottes.

— Comme vous l’avez très bien fait remarquer, répliqua Joan avec un calme mortel, votre employé est un respectable jeune homme, qui ne se parjurerait pas à la légère. Il pourrait témoigner, devant n’importe quels juges, que j’étais dans votre bureau, occupée à mettre en ordre un travail de dactylographie, cinq minutes avant et cinq minutes après la chute de ma sœur. M. Flambeau dira qu’il m’a trouvée là.

Il y eut un nouveau silence.

— Mais alors, cria Flambeau, Pauline était seule lorsqu’elle est tombée, et elle s’est bien suicidée.

— Elle était seule lorsqu’elle est tombée, dit le Père Brown, mais elle ne s’est pas suicidée.

— Comment est-elle morte alors ? demanda Flambeau impatiemment.

— Elle a été assassinée.

— Mais elle était toute seule, objecta le détective.