Page:Chesterton - La Clairvoyance du père Brown.djvu/4

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Rien ne pouvait faire supposer que son veston gris cachât un revolver chargé, que son gilet blanc renfermât une carte de policier et que son chapeau de paille couvrît l’une des têtes les plus intelligentes de l’Europe. Car ce personnage n’était autre que Valentin, le chef de la police parisienne et le plus célèbre détective du globe. Il se rendait de Bruxelles à Londres dans l’espoir d’opérer l’arrestation la plus sensationnelle du siècle.

Flambeau était en Angleterre. La police de trois pays avait enfin suivi la trace de ce grand criminel de Gand à Bruxelles, et de Bruxelles au Hoek van Holland. On supposait qu’il tenterait de tirer parti du mouvement anormal et des désordres causés par le Congrès Eucharistique, qui devait avoir lieu à Londres. Il voyageait, sans doute, sous les traits de quelque humble ecclésiastique ou de quelque obscur secrétaire, se rendant à cette assemblée. Valentin ne pouvait naturellement rien affirmer ; personne ne pouvait rien affirmer concernant Flambeau.

Voilà longtemps que ce géant du crime cessa soudain d’agiter le monde ; et lorsque cet événement se produisit, comme après la mort de Roland, « un grand calme se fit sur la terre ». Mais dans ses plus beaux jours (j’entends, naturellement, ses plus laids), la figure de Flambeau avait un caractère aussi plastique et une réputation aussi répandue que celle du Kaiser. Il ne se passait pas de semaine sans que les journaux n’annonçassent qu’il s’était soustrait aux conséquences d’un crime extraordinaire en en