Page:Chesterton - Le Nommé Jeudi, trad. Florence, 1911.djvu/84

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Gogol d’un air farouche, avec un fort accent étranger. Che n’ai bas honte de la gause.

— Mais si ! répliqua le Président avec gaîté, et la cause a honte de vous. Vous vous efforcez autant qu’un autre de vous cacher, mais vous n’y réussissez pas, parce que vous êtes un âne. Vous prétendez concilier deux méthodes inconciliables. Quand un propriétaire trouve un homme sous son lit, naturellement il prend note de cette circonstance. Mais, si c’est un homme coiffé du haut-de-forme qu’il trouve sous son lit, il est peu probable, vous en conviendrez avec moi, mon cher Mardi, qu’il l’oublie facilement. Or, quand on vous trouva sous le lit de l’amiral Biffin…

— Je ne suis pas habile à tromper le monde… répondit Gogol rougissant.

— Parfaitement, mon ami, parfaitement, mon ami, interrompit le Président avec une lourde bonhomie : vous n’êtes habile à rien.

Tandis que la conversation se poursuivait, Syme examinait les hommes qui l’entouraient. Et de nouveau il se sentait opprimé par l’horreur que lui causaient toujours les monstruosités psychiques.

Les commensaux de Dimanche, Gogol excepté, lui avaient d’abord paru des gens assez normaux et même vulgaires, somme toute. Mais, en les étudiant avec plus d’attention, il observait en chacun d’eux, comme chez l’homme qui l’avait attendu sur le quai, un caractère démoniaque. Au