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Page:Chevalier - Les derniers Iroquois, 1863.djvu/44

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listes, comme on les appelle dans le pays, protestaient ouvertement contre toutes les exactions du pouvoir, lui faisaient une opposition énergique, et aspiraient les uns à l’indépendance, les autres à l’annexion aux États-Unis, une certaine, mais faible minorité, à un retour sous l’administration française.

Les motifs de leur désaffection étaient divers. Pour les Franco-Canadiens, c’était principalement cette vieille inimitié de race que le temps n’a malheureusement pas effacée. D’ailleurs, peuple conquis, il n’eût guère été naturel qu’ils supportassent sans se plaindre leurs conquérants.

Pour les Anglo-Canadiens, la vue de l’égalité et de la liberté qui régnaient aux États-Unis, comparées à l’oligarchie aristocratique et tyrannique du gouvernement colonial, pouvait être un sujet d’envie. Quoi qu’il en soit, le mécontentement avait atteint ses limites extrêmes. Et les mécontents formulèrent, en 1834, leurs griefs dans un factum célèbre, sous le titre Les quatre-vingt-douze résolutions, rédigées, en grande partie, sous la direction de M. Louis-Joseph Papineau, le tribun du parti libéral à l’Assemblée législative[1].

Ce document fut envoyé à Londres. Mais, loin de faire droit à ses instantes réclamations, quoiqu’elles fussent

  1. Pour plus amples détails, qu’il m’est impossible de donner ici, voir la Huronne.