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DU CAFÉ ET DE SES FALSIFICATIONS.

grains, pour préparer ce qu’on appelle l’essence de café revendant ces grains épuisés comme café torréfié.

Un écrivain bien connu, M. Xavier Eyma, a, dans un article sur les cafés, fait ressortir le dommage que ces fraudes nuisibles au public causaient au Trésor.

Il disait que s’il n’entrait en circulation que 12 à 15 millions de kilogrammes de café pur en France, la consommation était bien plus considérable, puisqu’elle s’élevait de 40 à 45 millions. Si ces faits sont bien constatés, il en résulterait que 30 millions de kilogrammes de matière falsifiante sont employés, et que le Trésor est privé des sommes que payeraient ces 30 millions de kilogrammes de café.

M. Xavier Eyma terminait son article de la manière suivante :

« Ces 30 millions de kilogrammes de plus de café nécessiteraient la mise en campagne d’un nombre considérable de navires. Or, nos navires ayant intérêt à prendre la mer avec un fret de sortie, et n’allant chercher leur fret de retour en café que dans des pays avec lesquels nous sommes déjà en rapports commerciaux, ou avec lesquels nous avons avantage à ouvrir des relations commerciales, quitteraient nos ports, les flancs chargés de marchandises manufacturées pour des sommes correspondantes aux quantités de café qu’ils rapporteraient au retour.

» De là bénéfice pour le Trésor, profit bien clair et bien net pour nos fabriques, aliment précieux pour notre navigation, ajoutons voie nouvelle offerte à l’agriculture de nos colonies, où l’exploitation du café est négligée, sinon totalement abandonnée, en face d’une concurrence sans avantage pour la France, et de droits exorbitants que le Trésor serait alors parfaitement en mesure d’atténuer.

» C’est ce que l’Angleterre a parfaitement compris quand elle a décrété tout récemment la défense absolue de toute falsification préalable du café livré à la consommation. Cette mesure n’exclut pas la libre faculté de la part des consom-