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LE COLPORTEUR

HISTOIRE MORALE ET CRITIQUE

« Ah, c’est vous, Chevalier, dit la Marquise de Sarmé, en voyant entrer un de ces merveilleux qui ont l’agréable talent de tromper, de ruiner et de déshonorer toutes les Femmes ? Vous êtes aujourd’hui d’un brillant, d’un lumineux, d’une santé... En vérité, plus je vous considère, et plus j’ai envie de parier que vous n’avez plus de petite Maison. — Eh, d’où vient ce propos, Marquise ! j’ai toujours la même, celle que vous trouviez autrefois si délicieuse. — Parlez plus bas, Chevalier, reprit Mme de Sarmé, je serois perdue si mes femmes vous entendoient. — Est-ce que vous en auriez changé, Madame ? — Poursuivez, Monsieur, voilà une impertinence aussi bien conditionnée. .. — Ah, point d’humeur, Marquise, ou je me retire ! — Oh, retirez-vous, Chevalier, retirez-vous, ma toilette n’en sera pas plus solitaire, et le petit Abbé que j’attends m’amusera du moins sans me faire rougir.

— Ah, ma foi, dit le Chevalier, si l’Abbé vient, je lui cède le pas par respect pour son caractère. — Vous êtes fou avec votre caractère, reprit la Marquise, l’Abbé n’en a point. — Je vous demande pardon, Madame, poursuivit le Chevalier, il en a un assurément, et un de ces