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Page:Choderlos de Laclos - Les Liaisons dangereuses, 1869, Tome 1.djvu/182

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Un sage a dit que pour dissiper ses craintes il suffisait presque toujours d’en approfondir la cause[1]. C’est surtout en amour que cette vérité trouve son application. Aimez, & vos craintes s’évanouiront. A la place des objets qui vous effrayent, vous trouverez un sentiment délicieux, un amant tendre & soumis ; & tous vos jours, marqués par le bonheur, ne vous laisseront d’autre regret que d’en avoir perdu quelques-uns dans l’indifférence. Moi-même, depuis que, revenu de mes erreurs, je n’existe plus que pour l’amour, je regrette un temps que je croyais avoir passé dans les plaisirs ; & je sens que c’est à vous seule qu’il appartient de me rendre heureux. Mais, je vous en supplie, que le plaisir que je trouve à vous écrire ne soit plus troublé par la crainte de vous déplaire. Je ne veux pas vous désobéir : mais je suis à vos genoux, j’y réclame le bonheur que vous voulez me ravir, le seul que vous m’ayez laissé ; je vous crie : écoutez mes prières, & voyez mes larmes ; ah ! Madame, me refuserez-vous ?

De … ce 7 septembre 17…
  1. On croit que c’est Rousseau dans Émile, mais la citation n’est pas exacte et l’application qu’en fait Valmont est bien fausse, et puis madame de Tourvel avait-elle lu Émile ?