Page:Choderlos de Laclos - Les Liaisons dangereuses, 1869, Tome 1.djvu/206

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il pas vrai ? & échouer tous nos projets Gercourt ? Mais comme, pour mon compte, j’ai aussi à me venger de la mère, je me réserve en ce cas de déshonorer la fille. Que sait-on ? En choisissant bien dans cette correspondance, & n’en produisant qu’une partie, la petite Volanges paraîtrait avoir fait toutes les premières démarches, & s’être absolument jetée à la tête. Quelques-unes des lettres pourraient même compromettre la mère, & l’entacheraient au moins d’un négligence impardonnable. Je sens bien que le scrupuleux Danceny se révolterait d’abord ; mais comme il serait personnellement attaqué, je crois qu’on en viendrait à bout. Il y a mille à parier contre un que la chance ne tournera pas ainsi ; mais il faut tout prévoir.

Adieu, ma belle amie : vous seriez bien aimable de venir souper demain chez la maréchale de… ; je n’ai pas pu refuser.

J’imagine que je n’ai pas besoin de vous recommander le secret vis-à-vis de madame de Volanges, sur mon projet de campagne ; elle aurait bientôt celui de rester à la ville : au lieu qu’une fois arrivée, elle ne repartira pas le lendemain ; & si elle nous donne seulement huit jours, je réponds de tout.

De… ce 9 septembre 17…