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Page:Choderlos de Laclos - Les Liaisons dangereuses, 1869, Tome 1.djvu/245

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trouvais réduite à ce choix malheureux, de les sacrifier ou de me sacrifier moi-même, je ne balancerais pas un instant. Adieu, Monsieur.

De… ce 16 septembre 17…

Lettre LXXIX.

Le vicomte de Valmont à la marquise de Merteuil.

Je comptais aller à la chasse ce matin, mais il fait un temps détestable. Je n’ai pour toute lecture qu’un roman nouveau, qui ennuierait même une pensionnaire. On déjeunera au plutôt dans deux heures : ainsi, malgré ma longue lettre d’hier, je vais encore causer avec vous. Je suis bien sûr de ne pas vous ennuyer, car je vous parlerai du très-joli Prévan. Comment n’avez-vous pas su sa fameuse aventure, celle qui a séparé les inséparables ? Je parie que vous vous la rappellerez au premier mot. La voici pourtant, puisque vous la désirez.

Vous vous souvenez que tout Paris s’étonnait que trois femmes, toutes trois jolies, ayant toutes trois les mêmes talents, & pouvant avoir les mêmes prétentions, restassent intimement liées entre elles depuis le moment de leur entrée dans le monde. On crut d’abord en trouver la raison dans leur extrême timidité : mais bientôt, entourées d’une cour nombreuse dont elles