voir ; prenez-en tous les moyens ! Voyez ce que produit l’absence ! des craintes, des soupçons, peut-être de la froideur ! un seul regard, un seul mot, & nous serons heureux. Mais quoi ! puis-je encore parler de bonheur ? peut-être est-il perdu pour moi, perdu pour jamais. Tourmenté par la crainte, cruellement pressé entre le soupçon injuste & la vérité plus cruelle, je ne puis m’arrêter à aucune pensée ; je ne conserve d’existence que pour souffrir & vous aimer. Ah ! Cécile ! vous seule avez le droit de me la rendre chère ; & j’attends du premier mot que vous prononcerez, le retour du bonheur ou la certitude d’un désespoir éternel.
Lettre XCIV
Je ne connais rien à votre lettre, sinon la peine qu’elle me cause. Qu’est-ce que M. de Valmont vous a donc mandé, & qu’est-ce qui a pu vous faire croire que je ne vous aimais plus ? Cela serait peut-être bien heureux pour moi, car sûrement j’en serais moins tourmentée ; & il est bien dur, quand je vous aime comme je fais, de voir que vous croyez toujours que j’ai tort,