Page:Choix de discours de réception à l'Académie françoise, tome I, 1808.djvu/116

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l’unique asile conte l’oppression et l’injustice des ambitieux.

Alors, Messieurs, que pensez-vous qui distinguera la France des autres états ? Il est une supériorité plus digne de l’homme que celle que nous tenons à la valeur et de l’art de la guerre ; c’est la supériorité que donne la beauté et l’agrément de l’esprit. Heureusement pour nous, et graces à la prudence de celui qui nous gouverne, nous en sommes en possession, et loin que les autres peuples songent à nous la disputer, la curiosité qu’ils auront toujours pour nos arts, les charmes qu’ils trouveront à goûter la douceur et la facilité de nos mœurs, l’étude qu’ils viendront faire parmi nous de notre langue et de nos manières, seront une espèce de tribut et d’hommage que nous recevrons d’eux : et au lieu de nos armes si long-temps victorieuses, nos ouvrages iront faire des conquêtes dans l’Europe, en assujétissant insensiblement les autres nations à nos opinions, à nos sentiments et à nos goûts.

Là ne se bornent pas les avantages que produisent les belles-lettres, j’en vois encore de plus solides. L’homme n’est attiré, n’est retenu que par le plaisir, c’est la porte du cœur, et la seule qu’il tienne toujours ouverte ; la vérité, la vertu elles-mêmes ont besoin de parure, et n’est-ce pas à l’éloquence à les parer ? Plus cet art sera porté à un haut point de perfection, plus elles seront en état de plaire, plus elles se feront