Page:Choix de discours de réception à l'Académie françoise, tome I, 1808.djvu/142

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l’imperfection de ce qui commence, ou de la corruption de ce qui vieillit.

Ainsi Eschyle, Sophocle et Euripide qui portèrent la tragédie grecque à son plus haut degré de splendeur, furent presque contemporains, et n’eurent point de successeurs dignes d’eux ; ainsi à Rome et dans Athènes toutes les autres sciences eurent une destinée semblable.

Que ne devons-nous donc point craindre à la fin d’un siècle si beau et si fertile en grands personnages que nous avons presque tous perdus !

Mais aussi que ne devons-nous point espérer, lorsque nous considérons celui qui fait le plus digne et le plus noble ornement de ce beau temps de la monarchie françoise, ce Roi qui, dans un règne déjà de plus d’un demi-siècle, compte plus de succès éclatans, et plus de victoires que d’années ?

N’en doutons point, tant que le ciel, qui nous l’a donné, nous le conservera, il continuera pour lui ses miracles, et nous verrons renaître de tant de cendres précieuses, de nouveaux héros, de nouveaux Sophocles, de nouveaux Démosthènes.

Cependant, vous, Monsieur, qui êtes destiné à travailler sur l’Histoire de toute cette suite de prodiges que sa vie a fait voir, donnez tous vos soins à cet ouvrage immortel que l’Europe entière attend, afin que tous les hommes de toutes sortes de conditions, trouvent en un seul, des exemples de vertus, que chacun puisse imiter.