Page:Choix de discours de réception à l'Académie françoise, tome I, 1808.djvu/152

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Des historiens d’une simplicité élégante, d’une précision nette, et d’un ordre intéressant, non moins habiles à discerner les caractères, qu’à dévoiler les motifs, et qui par le charme des tours et de l’expression, semblent plutôt renouveler les événemens que les raconter ; des orateurs également heureux à choisir et à placer leurs pensées, qui ne remuent les passions qu’en faveur de la vertu, et dont les beautés sont de tous les lieux et de tous les temps, parce que la raison est universelle et ne change point ; des poètes exacts sans être froids, sublimes, mais qu’on entend toujours, souvent au-dessus de leurs modèles dans les genres déjà connus, et peut-être inimitables dans ceux qu’ils ont inventés ; des traducteurs ingénieux, quoique fidèles, qui tiendront lieu la plupart des originaux qu’ils ont embellis ; des philosophes enfin, et des théologiens solides, qui ont su parer les sujets les plus austères, et qu’on relit encore pour le seul plaisir, quand on croit les avoir assez lus pour s’instruire : voilà l’Académie, Messieurs, telle qu’elle paroîtra au jugement de l’avenir. Les imperfections légères et inséparables de l’humanité que la jalousie contemporaine grossit et multiplie à nos yeux disparoîtront alors dans la foule des beautés.

Alors on vous rendra toute la justice qui vous est due ; on connoîtra tout ce que vous avez fait pour notre langue, ce qu’elle étoit avant vous et ce qu’elle est devenue entre vos mains.