Page:Choix de discours de réception à l'Académie françoise, tome I, 1808.djvu/503

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que la barbarie n’aura point accompli la prédiction de Charles V.

La liberté que nous réclamons, Messieurs, n’a rien de dur ni de farouche : elle est tempérée par l’aménité que les lettres répandent, et que doit augmenter encore le commerce de ce que la Cour a de plus grand et de plus éclairé. Cette aménité, dont tant d’exemples célèbres semblent nous avoir fait une loi, distingua toujours ces vieillards respectables que la mort vient de moissonner coup-sur-coup. Toute la France sait que l’homme illustre dont vous venez d’entendre l’éloge, joignoit à des vues profondes et à des vertus douces, le génie des grâces, si l’on peut s’exprimer ainsi, et le sublime de l’art de plaire. La tendresse que je lui avois vouée, doit s’applaudir qu’une voix plus éloquente ait été chargée de lui rendre l’hommage que mon cœur lui devoit. M. l’abbé Alary, moins heureux que M. le président Hénault, m’est tombé en partage ; il sera du moins loué par l’estime et regretté par l’amitié.

Ce savant modeste rechercha l’obscurité, comme on recherche la gloire. Dès l’enfance, il étonnoit les savans par ses dispositions pour les langues, et par ses connoissances précoces ; mais content de s’instruire, il négligea d’instruire les autres par des écrits ; car peu d’hommes ont plus instruit que lui par la conversation ; talent rare qui suppose celui de plaire et d’attacher. Il racontoit beaucoup, et l’on écoutoit toujours ; c’est qu’il