Page:Choix de discours de réception à l'Académie françoise, tome I, 1808.djvu/83

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contrainte de venir jusques dans le Louvre reconnoître publiquement son infériorité, et nous abandonner depuis par des traités solennels tant de places si fameuses, tant de grandes provinces, celles même dont ses Rois empruntoient leurs plus glorieux titres ? Comment s’est fait ce changement ? Est-ce par une longue suite de négociations traînées ? est-ce par la dextérité de nos Ministres dans les pays étrangers ? Eux-mêmes confessent que le Roi fait tout, voit tout dans les Cours où il les envoie, et qu’ils n’ont tout au plus que l’embarras d’y faire entendre avec dignité ce qu’il leur a dicté avec sagesse.

Qui l’eût dit au commencement de l’année dernière et dans cette même saison où nous sommes, lorsqu’on voyoit de toutes parts tant de haines éclater, tant de ligues se former, et cet esprit de discorde et de défiance qui souffloit la guerre aux quatre coins de l’Europe ; qui l’eût dit qu’avant la fin du printemps tout seroit calme ? Quelle apparence de pouvoir dissiper sitôt tant de ligues ? Comment accorder tant d’intérêts si contraires ? comment calmer cette foule d’États et de Princes, bien plus irrités de notre puissance que des mauvais traitemens qu’ils prétendoient avoir reçus ? N’eût on pas cru que vingt années de conférences ne suffisoient pas pour terminer toutes ces querelles ? La diète d’Allemagne, qui n’en devoit examiner qu’une partie depuis trois ans qu’elle y étoit appliquée, n’en étoit encore qu’aux préliminaires.