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DE L’ELBE AUX BALKANS

qu’elle fut îa capitale d’un duché, si elle n’était pas aujourd’hui un des points géographiques les plus curieux de l’Europe. Je l’ai connue en 1920 au moment où Tchécoslovaques et Polonais étaient aux prises pour la conquête de cette riche contrée. Elle avait alors plus l’air d’un centre de guerre que quand l’empereur Charles 1er siégeait en son château avec son état-major. Des combats avaient eu lieu entre troupes polonaises et troupes tchécoslovaques. Il avait fallu l’intervention de la Conférence de la Paix, qui Imposa un plébiscite, pour mettre fin au conflit armé.

Une commission internationale, appuyée par une poignée de chasseurs français, et italiens, fut chargée d’administrer le territoire litigieux et de procéder au plébiscite. Elle fut vite débordée. La population fut pendant plusieurs mois terrorisée par des bandes mystérieuses qui pillaient les maisons et ne reculaient même pas devant le crime. Deux de nos chasseurs français furent ainsi, au cours d’une patrouille, lâchement assassinés. On se demandait comment, dans de telles conditions, pourraient se faire les opérations du referendum lorsque, brusquement, à la fin de juin, à la demande des deux parties intéressées*, il fut décidé que la question serait réglée par arbitrage. L’arbitre agréé fut la Conférence des Ambassadeurs. Nouveau Salomon, tranchant dans le vif, elle traça une frontière qui coupait en deux la ville de Teschen, de façon à donner à la Pologne la rive droite de l'Olza, c’est-à-dire la tour historique des Piasts, la Tchécoslovaquie recevant le quartier de la rive gauche. Ainsi fut créée cette anomalie qui place une même ville à cheval sur la frontière.

Je m’aperçois d’ailleurs que les habitants ont fini par s’habituer à ce singulier état de choses.