Page:Chopin et Sand - Lettres, éd. Sydow, Colfs-Chainaye et Chainaye.djvu/89

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bon silence et cet imperturbable calme de ma retraite. Et puis, en même temps, l’idée de vivre toujours ici, sans me retremper au spectacle d’anciens progrès de l’humanité me ferait l’effet de la mort, car vous ne pouvez pas vous figurer ce que c’est qu’un peuple arriéré. De loin, on le croit poétique, on imagine l’âge d’or, des mœurs patriarcales : — quelle erreur ! La vue de pareils patriarches vous réconcilie avec le siècle, et on voit bien clairement que, si nous valons peu encore, ce n’est pas parce que nous en savons trop, mais que c’est parce que nous en savons trop peu.

Ainsi je suis bien embarrassée de vous dire combien de temps encore je resterai ici. Cela dépendra un peu de la santé de Chopin qui est meilleure depuis ma dernière lettre, mais qui a encore besoin de l’influence d’un climat doux. […] J’avais écrit à M. Cauvière pour le piano. Il m’a répondu une lettre charmante.

Quand les oranges seront mûres, je lui en enverrai pour vous mais elles sont acides même dans mon jardin où elles sont bien abritées. Nous avons ici quinze degrés de chaleur dans la journée, huit au-dessus de zéro la nuit.

Je me permets de vous envoyer mes lettres pour le Berry parce que j’envoie le paquet à Madame Clavé à Barcelone et je ne veux faire qu’un paquet.

Il y a un paquet de manuscrits de musique. Grzymala est chargé de rembourser le port.

Chopin est à vos pieds.

Adressez toujours aux Flayner.