Page:Chopin et Sand - Lettres, éd. Sydow, Colfs-Chainaye et Chainaye.djvu/95

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généreux et sympathiques, donnent le plus éclatant démenti au préjugé de la paternité. Il est Italien par l’intelligence et par le cœur, il est de la planète de l’Idéal ; comme il est Français par l’éducation et les manières.

Un mois de plus et nous mourions en Espagne, Chopin et moi ; lui, de mélancolie et de dégoût, moi de colère et d’indignation. Ils m’ont blessée dans l’endroit le plus sensible de mon cœur, ils ont percé à coup d’épingles un être souffrant sous mes yeux, jamais je ne leur pardonnerai cela et si j’écris sur eux, ce sera avec du fiel. Mais que je vous donne des nouvelles de mon malade, car je sais, bonne sœur, que vous vous y intéressez autant que moi. Il est beaucoup, beaucoup mieux, il a supporté très bien trente six heures de roulis et la traversée du Golfe de Lion qui du reste a été, sauf quelques coups de vents, très heureuse. Il ne crache plus de sang, il dort bien, tousse peu et surtout il est en France ! Il peut dormir dans un lit que l’on ne brûlera pas pour cela. Il ne voit personne reculer quand il étend la main. Il aura de bons soins et toutes les ressources de la médecine. Votre bon docteur Cauvière l’a reçu comme son enfant et va le guérir certainement. Je n’ai pas encore pu lui parler en particulier mais je vois à son air qu’il n’a pas d’inquiétude et qu’il ne doute pas du succès de ses soins.

Mes enfants et moi allons à merveille. Maurice a fait l’admiration du Docteur par sa belle santé et après avoir écouté son cœur, il a déclaré qu’il n’y avait plus trace de l’ancien mal. Voilà une grande victoire. Solange est toujours comme une pêche, son caractère est fort amélioré bien que ses instincts de