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pauvre jalap

quand ma servante effarée est venue, avec une physionomie de malheur, m’annoncer que mon brave petit toutou était là, tout en haut, sur le rebord du talus, mort, tranché comme par une faucille, — c’est fichant, — mais je me suis senti suffoqué, empoigné, là, à gauche.

Toutes ses excellentes qualités me revinrent à l’esprit dans un éclair, et j’envisageai tristement la perte de ce compagnon de chaque heure.

Je l’avais baptisé : « Jalap ».

Il portait ce nom pharmaceutique en l’honneur du métier. N’oubliant pas un seul de ses malades, il allait régulièrement, — me précédant dans ses gambades folles où il pouvait me sauter par-dessus la tête, — faire sa visite quotidienne.

De noble race « pug » avec sa queue vrillée en ressort de montre, son nez noir applati, moitié canaille moitié gamin, sa petite gueule délicate, son œil nègre toujours au guet, ses petits airs penchés, crâne sous sa peau fourrée grise, il avait dans mon village une popularité très sérieuse.

Aussi combien de ses petites amies ont dû pleurer de bonnes larmes à la nouvelle de sa mort.

Et je ne serais pas triste moi-même, alors qu’aujourd’hui j’ai fait toutes