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Page:Choquette - Claude Paysan, 1899.djvu/10

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Claude Paysan

prenait une apparence d’encens, et les gros clous des souliers sonnant aux cailloux de la route ajoutaient une petite musique grêle en sourdine aux dreling du sonneur.

Sans se soucier du soleil de septembre, déjà rouge à cette époque et renvoyant des rayons encore éblouissants et chauds pour mieux mûrir les grains tardifs, les dorer tout à fait, les paysans allaient tête nue, leurs grands chapeaux de paille sous le bras.

Quand ils atteignirent les marches basses du perron de l’humble logis où le vieux Claude reposait, soufflant toujours ses pénibles expirations en bouffées, le prêtre et son Viatique, puis Jacques, Fernande, deux ou trois voisins pénétrèrent seuls à l’intérieur. Les autres s’étaient mis à genoux sur l’herbe tendre, sur les planches du perron, sur la terre grise aussi.

Les mots latins qui s’égrenaient par les fenêtres, tombés de la bouche du prêtre, on ne les comprenait guère au dehors, mais des réponses naïves, jaillies toutes chaudes du cœur de tous ces fils de la glèbe, montaient quand même vers Dieu en faveur de leur vieux compagnon.

Car c’était un membre de leur famille, n’est-ce pas, de la famille de ces travailleurs de la terre, unis, soudés plus intimement entre eux que n’importe quelle autre classe de citoyens par l’identité monotone de leurs travaux, de leurs misères ou de leurs joies. Et aujourd’hui, en pleine moisson, ils avaient vu la mort elle-même venir arracher des mains du père Claude sa faux pour s’en servir, pour faucher à son tour.