Page:Chorier - L’Académie des dames, 1770.djvu/220

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
( 208 )


ment ; & moi, ſi vous lui donnez trop de liberté. Mais la ceinture nous mettra hors de toutes ces craintes, & toutes choſes vous ſeront permiſes ſitôt que vous en ſerez revêtue : en attendant, je ne ſerai pas fâché que vous évitiez ſes entretiens. Après cela, il prit ſur mon corps la meſure de la ceinture, avec un cordon de ſoie ; & pour me flatter un peu : je ferai en ſorte, me dit-il, ma chere, que tu auras lieu de te louer de moi, lors même qu’il ſemblera que je te ferai une injure. Les chaînes qui tiendront ton honneur captif, ſeront d’or, le gril, qui ſera comme la porte du palais de l’amour, en ſera pareillement, mais de plus, orné & enrichi de tant de pierreries, qu’on pourra juger du mérite d’une eſclave, par le prix ineſtimable de ſes fers. J’ai choiſi pour Orfevre, Dominico ; c’eſt un homme qui travaille le mieux de la ville, & qui m’a beaucoup d’obligation. Je lui demandai quand cela ſeroit fait ; il me dit qu’il eſpéroit qu’il ſeroit achevé dans quinze jours : après quoi nous allâmes nous coucher, & il me fit l’affaire cette nuit-là trois fois, aſſez vigoureuſement.

Octavie.

Que Vénus t’aime, de te favoriſer neuf fois

de