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vous repoſerez un peu ; vous avez aſſez remporté de gloire, cette nuit. Elle me fit manger trois noix confites, & me dit doucement à l’oreille d’obtenir d’Oronte quelques heures de treve, parce que le ſommeil m’étoit néceſſaire. Comme elle s’en retournoit avec ſa compagnie, Oronte appella Angélique, & la pria de reſter un moment pour être témoin de ſa valeur : auſſi-tôt comme elle regardoit, il ſauta bruſquement ſur moi, & me donna de ſi vigoureuſes ſecouſſes, qu’on eût dit que le lit étoit menacé de prochaine ruine, tant il trembloit. Ma mere & Angélique en éclaterent de rire ; & bien-loin de me défendre, elles me laiſſerent ainſi toute ſeule, expoſée aux fureurs d’Oronte. Sa courſe fut un peu plus longue qu’à l’ordinaire ; mais auſſi la ſemence entra plus profondément dans la matrice, où je ſentis un chatouillement ſi doux, qu’il cauſa une eſpece de léthargie à tous mes ſens. L’affaire finie, notre cavalier quitta ſon poſte, & en ſortit tout atténué, & la tête baiſſée.

Octavie.

Sans doute que, dans cette poſture humiliante, il vous demandoit pardon du ſang qu’il vous avoit fait répandre ?