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L’ŒIL DU PHARE

rien lui dire. On vivra de beaux jours et d’agréables soirées.

Et la conversation s’anime, et les deux mères, de temps à autre, échangent des regards expressifs qui vaticinent sur le bonheur de leurs enfants.

De si belles heures sont rapides. Bientôt il fallut en ajourner l’agrément. Pendant que le papa s’occupe d’envoyer le garçon de ferme « atteler à la belle carriole », que les deux femmes ont beaucoup à se dire dans la pièce voisine où l’on a déposé la belle pelisse, les deux jeunes gens parlent aussi d’abondance pour mieux masquer peut-être ce qu’ils n’osent pas s’avouer encore. Mais la glace est bien rompue entre vieux et jeunes. C’était si facile ; ne se connaissait-on pas depuis l’enfance ? Il ne suffisait que d’y songer, à la suggestion de monsieur le curé, pour s’apprécier davantage.

Quelques instants plus tard, au trot cadencé de la bonne bête, s’ébrouant dans sa course sur la route jalonnée de sapins verts, deux cœurs battaient la charge de