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L’ŒIL DU PHARE

de la montagne ressort plus nettement de sa végétation dépouillée, et aux creux des vallons naguère ombreux pénètre sans obstacle le rayonnement des jours ensoleillés ou des nuits constellées. La plage surtout, comme à Saint-Germain, autour des îles et des caps, offre l’aspect du glacier aux moraines étincelantes, sourdement travaillées par l’action quotidienne du flot et du jusant de la marée.

Émile Dupin qui a fréquenté ces parages, il y a quelques mois à peine, s’intéresse tout particulièrement au changement à vue de ce décor. Là où les eaux du fleuve en été languissaient le plus souvent aux abords faciles des terres, se trahit l’effort d’une formation que l’on dirait volcanique et qui journellement s’y tourmente. Sa pensée se reporte sur tous les rivages laurentiens qu’il a visités durant les beaux jours de l’été. Il cherche à se représenter ce qu’il en est à cette heure, impressionné de la grandiose nature dont son midi américain n’aurait pu lui suggérer aucune idée, ne s’étonnant plus que le canadien, comme ses pères, puisse aimer cette patrie.