Page:Chouinard - L'œil du phare, 1923.djvu/164

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
163
LOIN DE LA TERRE NATALE

Émile Dupin regarde avec un intérêt de plus en plus grand le marin qui fait maintenant l’objet de leur conversation jusque là oiseuse et distraite. Un officier du vaisseau passe auprès d’eux et il lui demande à quelle race appartient ce matelot.

— « Ce gabier-là qui attend l’heure de se hisser à son quart ? c’est un français du Canada, monsieur ».

Au même instant, le rêveur s’est retourné face à un puissant falot de course, et le touriste américain crut reconnaître les traits de son cousin Jean Pèlerin. Non plus qu’autrefois, lorsqu’il se présenta chez ses parents pauvres de Saint-Germain, l’opulent docteur Dupin ne voudra trahir le beau côté de son caractère. Et au grand émoi de sa jeune compagne qui n’y entendait rien, on le vit immédiatement rejoindre le gabier pour lui tendre les bras après avoir bien vérifié son pressentiment.

— « Toi, ici, Jean ! Comment et pourquoi ? »

Il n’eut que faire d’attendre une réponse que Jean trop vivement ému ne pouvait tout d’abord lui donner ; Jean dont le