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L’ŒIL DU PHARE

— Je t’y prends, mon cousin. Et tu ne me dis pas tout. On veut aussi porter ton nom sur le ticket républicain en vue d’un honneur civique dont tu ne parles pas. Moi-même, citoyen américain, je ne vais pas t’apprendre qu’il y a crime à le devenir. Cependant, moi, je l’ai toujours été sans aucune contrainte sur ma volonté. Chez toi, il faut se demander quel renoncement cela peut comporter. J’apprends tous les jours qu’on ne dépouille pas la défroque nationale comme un simple habit d’enfance, en grandissant, pour revêtir de beaux atours qui ne satisfont ensuite que l’orgueil. C’est quand il faut tailler dans cette étoffe-là pour en vêtir nos enfants, leur conserver le chaud du cœur et du sang, que l’inquiétude commence. J’en suis là ; tu le sais. Comme les miens, tes enfants seront aussi canadiens français. Tu es bien heureux de n’avoir pas à revenir là-dessus des préjugés de mon éducation américaine, et puisqu’il en est temps encore, ménage-toi des issues dégagées.