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L’ŒIL DU PHARE

décisions qui eussent paru intempestives ailleurs. Or, voici venir l’heure où le caractère déjà formé de Jean va s’affirmer pour la première fois.


Émile Dupin, cousin de Jean, fils d’une famille canadienne qui, il y avait plus de trente ans, s’en était allée avec tant d’autres chercher fortune dans les villes industrielles des États-Unis, se trouvait alors en villégiature avec les siens, aux bains de mer de Cacouna. Autant le fils Pèlerin, victime du malheur que nous connaissons, avait été élevé dans la réserve et le dénuement, autant le cousin Dupin, fils unique aussi lui, avait grandi jusque-là dans l’opulence du parvenu et la semi-liberté de l’éducation familiale de nos voisins. Fier de ses capitaux, assuré d’un avenir doré, il a de bonne heure su compter sur lui-même, traiter son père comme un prédécesseur au négoce ou à l’industrie qui procure l’argent, comme le maître actuel d’une concerne qui lui reviendra, nécessairement, et celui qu’on appelle bénévolement old