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PREMIÈRE ABSENCE DE JEAN

si monotone. Cependant, il n’a pas vieilli à l’étude des âmes et des caractères sans avoir acquis l’expérience qui fait prévoir les écarts de ceux-ci et les dangers que rencontrent celles-là, aux jours apparemment les plus sereins de la vie.

— « J’ai pensé, madame Pèlerin, que vous seriez inquiète de Jean, et je suis venu vous en parler.

— Ah ! j’aime si peu la mer. Il est parti peut-être trop vite. Je n’ai pas eu le temps d’y penser comme il le fallait.

— Non, non ; n’allez pas vous reprocher cela. La mer n’offre pas le plus grand danger qu’il peut courir actuellement. Avec un bon vaisseau comme celui-là et les gens qui le conduisent, les périls de la mer sont peut-être les moindres à redouter. Il y en a un plus grand pour Jean.

— Mais quoi donc, monsieur le curé ? Vous me faites bien peur !

— C’est trop de plaisir pour commencer. Il y a trop d’argent, trop de bonheur mondain tout à coup sous ses yeux.

— Si ce n’est que ça, le pauvre enfant en a vu si peu depuis qu’il est dans ce monde