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L’ŒIL DU PHARE

Quand le vent hurle dans la futaie des collines, que la vague moutonne au large et le ressac arrose copieusement la rive, leurs inquiétudes s’affirment et se concertent. La mère regarde surtout la croix noire ; l’autre, le portrait de l’enfant. Car la première n’a pas besoin qu’on lui rappelle l’image toujours présente en son cœur de celui qui est sa vie. On demande à Dieu de le protéger dans les périls de la mer, plus encore, de le prémunir contre ceux de la vie, qui vont l’attirer dans les grands courants irrésistibles, où l’enfant s’égare, où l’ami se perd.

Aux Sept-Îles, après mûre délibération des « bourgeois », appuyée de l’avis du capitaine, il fut résolu que la croisière à l’est se terminerait là, si l’on voulait avoir le temps de « traîner un peu dans le Saguenay », disait Augustin, et pour ne pas s’exposer à affronter de nouveau quelque bourrasque du golfe, pensait secrètement Émile Dupin.

Et puis, les deux jeunes gens aimeraient à jouir, avant la fin des vacances, de quel-