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L’ŒIL DU PHARE

devenu un personnage. Quand, à travers champs, chaussé de sa raquette légère, la tuque sur l’oreille, la ceinture écarlate aux reins et le torse à l’aise dans son costume aux couleurs voyantes, il gagne vers les hauteurs du village, plus d’un œil mutin est là, dans la croisée des maisons échelonnées sur les coteaux, cherchant à l’apercevoir du plus loin derrière le rideau de givre que déchirent nerveusement maints doigts roses. Il va gaiement par monts et par vaux, tantôt sombrant tout au fond de ces derniers, où ne surnage plus que la tuque, pour émerger ensuite de toute sa taille agile et svelte au plaisir des yeux mutins.

Et ces jours se passaient joyeusement, dans un renouveau de prévenances et d’égards dont les échos n’avaient plus de cesse au foyer comme aux cœurs reconnaissants des Pèlerin. On y était sans doute depuis assez longtemps habitué, aux égards et aux prévenances des bons villageois. Ils ne firent jamais défaut depuis l’heure de la catastrophe qui avait brisé la famille.