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L’ŒIL DU PHARE

héritières, mieux éduquée déjà que toute la jeunesse des alentours, ne vous étonnez pas si le dimanche, sur la grande route, tant d’autres obséquieux cèdent le pas à l’équipage relativement somptueux où se prélassent monsieur, madame et mademoiselle Brillant. C’était d’accoutumée. Mais autre chose en plus, depuis quelque temps, attirait des regards intéressés sur cette famille ; l’actualité dirait aujourd’hui le journal à potins, l’actualité qui met temporairement en vedette le malheur de celui-ci, ou en vogue, l’heur de celui-là. L’actualité s’était emparée des noms, des intérêts, des sentiments, des défauts et des qualités de la jeune fille riche et du jeune homme pauvre, qu’elle promenait en catimini de foyer en foyer, les affublant, ici, d’un éloge, là, d’une épigramme.

On eut beau sujet de discourir et d’épiloguer sans plus de contrainte lorsqu’une première fois, les deux familles de conditions si diverses dont se préparait l’alliance se virent ostensiblement réunies.

À aucune autre époque de l’année, la