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LA CIGALE ET LA FOURMI

La confraternité de Guignard et de Larive devait-elle souffrir de ces différences de talents, de succès en classe, de conditions sociales ?

Nullement !

Chose anormale peut-être, ces deux adolescents, dans les circonstances où nous les trouvons et qui pouvaient susciter entre eux de si fortes antipathies, étaient cependant liés de la plus grande amitié. L’humilité du premier s’honorait des attentions de l’autre, qui n’était pas encore assez avancé dans la vie, surtout dans ce que l’on appelle la vie pratique, pour n’user que d’égoïsme dans ses affections, et ce dernier admirait franchement la bonté de cœur, l’aménité de caractère, les talents faciles de son camarade campagnard. Durant les heures de récréation et les temps libres, on les voyait souvent ensemble, quand, fatigué de présider à l’entrain de ses claqueurs, Félix Larive s’en venait causer avec son voisin d’étude, débonnaire et parfois secourable, comme