Page:Chouinard - L'arriviste, 1919.djvu/188

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À ce point de vue, la victoire électorale du ministre Larive à Bellechasse fut une grande victoire. Elle fut claironnée par les cent bouches de la presse dans toutes les provinces anglaises du Canada, même au dehors, et l’outre gonflée n’attendait plus que le travail des épingles.

Eugène Guignard n’était pas un persifleur. Esprit pondéré, il aspirait plutôt au calme de l’étude et ne s’était produit en public que parce qu’il y avait été entraîné, comme malgré lui, par la force des circonstances, surtout par les sollicitations de ses amis. Il était un de ces hommes qui résistent malaisément à l’entraînement aux aventures de la vie publique, tout en regrettant dans leur for intérieur la faiblesse personnelle qui les sacrifie à la volonté d’autrui. Aussi, trouvait-il dans sa deuxième défaite un moment de relâche sincèrement désiré, qui lui permit de se ressaisir dans ses goûts et ses occupations préférés. Conscient d’avoir fait tout son devoir durant cette crise menaçante pour l’avenir de